J’ai toujours su que je voulais être travailleuse sociale, parce que je souhaitais aider autrui. J’ai grandi dans une petite communauté rurale, et être au service des autres était la façon dont ma mère, une infirmière autorisée, avait passé sa carrière aux premières lignes des soins de santé dans notre collectivité. Elle était toujours en fonction, que ce soit en uniforme ou comme mère élevant ses 9 enfants. J’ai vu ma mère donner sans relâche avec compassion, gentillesse et professionnalisme.
J’ai pris une retraite anticipée du travail social pour revenir à la maison et m’occuper de mes parents qui avaient tous 2 reçu un diagnostic de cancer. Le chagrin et la colère étaient des pilules difficiles à avaler tandis que notre famille faisait face à de nombreuses difficultés pour obtenir et maintenir des soins pour mes parents. J’ai donné une entrevue à un journal local, ce qui a dévasté ma mère. Par conséquent, je lui ai promis de m’impliquer dans le système des soins de santé, de ne jamais parler en mal de lui et de faire de mon mieux pour le changer.
Le rapport Saskatchewan Patient First Review 20091 réclamait des changements dans la façon dont les patients faisaient l’expérience du système de santé, dans la manière de dispenser les services de soins et dans l’administration du système. J’étais au bon endroit au bon moment. On m’a demandé de m’adresser au conseil d’administration de la région sanitaire Cypress pour faire connaître mon histoire. Ayant passé de nombreuses années comme travailleuse sociale, j’ai compris la culture. Comme partenaire de patients pour un certain nombre d’organismes, j’ai reçu une formation sur le tas, parce qu’il n’existait pas de formation formelle, et c’est à ce moment que je me suis intéressée aux mesures adoptées et à la recherche axée sur le patient. Je ne comprenais pas cette culture, mais j’ai eu pour mentors de nombreux leaders, cliniciens, décideurs et chercheurs disposés à partager leur savoir et leur sagesse.
Avec le privilège vient la responsabilité : comprendre les valeurs de la communauté et la nécessité de voir les choses différemment, et donner voix et vision à la façon dont les soins de santé pourraient être conçus, fournis et évalués, et ce, conjointement. Une approche centrée sur la personne n’émanant pas seulement du haut de la hiérarchie vers le bas, mais aussi du bas vers le haut. Demander ce qui importe au patient et à la communauté. Comprendre aussi ce qui importe au clinicien, au système de santé et au chercheur.
Ce n’est qu’après avoir lu l’ouvrage intitulé Research is Ceremony: Indigenous Research Methods2, du Dr Shawn Wilson, un érudit autochtone, que j’ai commencé à mieux comprendre le sens de l’équité relationnelle, selon laquelle chaque voix est entendue, aidée à être entendue, sur un pied d’égalité. L’équité, l’inclusion et la diversité revêtent de l’importance. L’équité relationnelle est aussi une valeur soigneusement cultivée et préservée par ceux qui désirent influencer les autres en établissant la confiance. Les soins de santé sont personnels pour ceux qui les reçoivent, et une relation de confiance est essentielle. L’importance de la confiance concerne aussi le dispensateur des soins et la façon dont son rôle est valorisé, de même que la manière dont il trouve de la valeur et est reconnu du fait de son travail.
La diversité est bien plus qu’une langue ou une culture. Il s’agit de comprendre nos différences relativement aux expériences, aux croyances et aux perceptions, et, à travers toute cette diversité, de trouver une voie pour aller de l’avant, qui engendre conjointement la confiance, facilite les relations de confiance et crée un profond sentiment d’appartenance. La cocréation d’une communauté d’appartenance dans laquelle les relations sont centrées sur une responsabilité relationnelle et sur la transparence relationnelle est essentielle pour régler les dilemmes et découvrir de nouvelles façons de prendre soin des patients et de leur famille.
Durant mon cheminement, j’ai été guidée par de nombreuses personnes qui m’ont offert conseils et sagesse. J’ai développé une appréciation des politiques, de l’amélioration continue de la qualité et de la recherche fondée sur des données probantes. La recherche avec la communauté, menée par la communauté, au sein de la communauté.
Le système de santé d’aujourd’hui a changé et est très différent de ce qui avait été envisagé lors de l’instauration de l’universalité des soins de santé en Saskatchewan, en 1962, et dans le reste du Canada, entre 1968 et 1972. Ce qui n’a pas changé, c’est l’importance de notre relation avec les professionnels des soins primaires, et le désir que les soins soient fournis avec compassion et sollicitude, aussi près que possible de chez soi. La transformation du système de santé nécessite de la volonté et de la vulnérabilité.
FootnotesLes opinions exprimées dans cet avant-propos sont celles de l’auteure. Leur publication ne signifie pas qu’elles soient sanctionnées par le Collège des médecins de famille du Canada.
This article is also in English on page 375.
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